Le pardon est un acte qui libère aussi bien celui qui pardonne que celui qui est pardonné. C’est donc en ce sens un geste d’amour autant envers l’autre qu’envers soi-même. Ainsi, il représente un acte profond et libérateur pour celui qui l’exerce. Alors, en dehors de toute foi religieuse, le pardon se pratique d’abord pour soi, pour retrouver la paix et l’envie de vivre sa vie pleinement.
Qu’est-ce que le pardon ?
Mais toutes les « fautes » n’ont pas le même impact sur nos vies. En effet, se faire griller une priorité n’a rien à voir avec un viol par exemple. Pardonner de petites fautes est à la portée de tous mais comment réussir à pardonner l’impardonnable ? Le philosophe Vladimir Jankélévitch l’explique ainsi : « Le pardon est là précisément pour pardonner ce que nulle excuse ne saurait excuser, il est fait pour les cas désespérés ou incurables ». Il exprime ainsi très bien la nuance entre l’excuse et le pardon, liée au « degré » de gravité de la faute commise.
Alors, comment faire ? Comment réussir à pardonner quand on a subi un acte, un geste ou des paroles innommables ? Comment retrouver cette paix indispensable à un chemin de vie serein ? Il existe plusieurs étapes nécessaires pour y arriver.
Les étapes du pardon
Prendre conscience et reconnaître la blessure
Refouler sa souffrance revient à refermer une plaie sans l’avoir nettoyée. C’est alors la porte ouverte aux infections en tous genres. Ce qui entraine d’autres douleurs dans notre corps et dans notre âme, par ricoché. De plus, il peut être dangereux de vivre dans le déni total. Car si nous savons masquer les émotions liées à un évènement, c’est que potentiellement, nous saurons le faire pour toutes nos émotions, par « habitude ». Il est donc important de mettre des mots clairs et précis sur ce qui c’est passé, de pouvoir « accuser » à bon escient le ou les protagonistes aussi.
Arrêter toute culpabilité
La culpabilité amène des comportements autodestructeurs, car elle nous met face à notre impuissance devant à cette situation qui nous fait toujours souffrir. Nous ne nous sentons pas assez bien, pas assez fort, etc… Se dire que tout est de notre faute c’est refuser l’idée que nous n’avons pas su faire autrement au moment des faits. Mais nous ne pouvions tout simplement pas faire autrement.
Combien de femmes violées, par exemple, expliquent qu’elles ne se souviennent absolument pas des évènements qu’elles ont vénus. Car leur cerveau s’est tout simplement mis sur pause, en mode « survie » pour réussir à continuer malgré tout à avancer.
Ne plus se victimiser
L’idée n’est absolument pas de faire comme si rien ne c’était passé, mais simplement accepter l’idée que ces histoires parfois sordides ne nous caractérisent pas. Ne plus s’identifier à nos traumatismes c’est déjà avancer vers la guérison.
Nommer et exprimer sa colère
La colère me montre que l’intégrité de mon territoire personnel a été atteinte. C’est une énergie qui est indispensable pour avancer dans le processus de deuil qui va alors s’enclencher. On pourrait dire que c’est la première pierre « concrète » mise à l’édifice du pardon.
Parfois, pour certains, la colère devra s’exprimer devant leur offenseur. Parfois ce ne sera pas nécessaire. Se retrouver face à son « agresseur » permet aussi certaines fois de comprendre cet acte innommable, de voir qu’on se retrouve face à un autre être humain qui peut être tout autant démuni que nous vis-à-vis de ces actes, ne pouvant les expliquer, un être peut-être rongé par la culpabilité.
Pardonner
Se retrouver face à son « agresseur » c’est aussi une occasion, le moment venu, de lui dire qu’on le pardonne, l’occasion aussi de voir dans ses yeux, dans ses larmes, la joie de la rédemption dont il n’osait même pas rêver, ayant bien conscience de ses actes et étant lui-même dans sa propre culpabilité.
Chaque histoire est différente, mais la clef pour tous est la même : pardonner pour continuer à avancer.